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Les grandes infrastructures
Le développement des pays forestiers d’Afrique de l’Ouest nécessite de nouvelles infrastructures qui englobent en particulier l’urbanisation, les réseaux de transport, et la production d’énergie.
En particulier dans les forêts guinéennes, des voies d’accès, telles que des grandes routes et des chemins de fer, sont créées afin de désenclaver ces zones forestières, et des installations hydro-électriques sont érigées pour l’approvisionnement en énergie.
Les grandes routes et les chemins de fer
Des grandes routes et des chemins de fer sont construits pour améliorer les moyens de communication des communautés rurales et pouvoir accéder aux ressources naturelles exploitées situées dans ces zones enclavées.
Les impacts directs des infrastructures routières et ferroviaires sur le couvert forestier sont relativement modérés en termes d’emprise, avec une largeur de plusieurs dizaines de mètres maximum. Leurs impacts indirects sont par contre une menace importante :
- la perte, la dégradation et la fragmentation des habitats de nombreuses espèces animales ;
- le désenclavement de zones forestières initialement peu habitées qui facilite le transport des produits agricoles et forestiers (bois mais aussi de la viande de brousse, fruits etc.) ;
- la migration de populations vers les forêts où de nouvelles activités économiques se développent, ce qui entraîne un défrichement des massifs forestiers pour l’agriculture vivrière, une augmentation de la chasse pour la consommation locale ainsi qu’une exploitation accrue de bois d’œuvre et bois de feu ;
- la prolifération d’espèces végétales exotiques invasives, telle que la plus commune en Afrique de l’Ouest, Chromolaena odorata, plus connue sous le nom d’ « herbe du Laos » bien qu’originaire d’Amérique du Sud. Elle forme des buissons touffus empêchant la pousse d’autres espèces de plantes. Le problème des espèces exotiques envahissantes est d’ailleurs considéré comme étant la deuxième cause de perte de biodiversité dans le monde après la disparition des habitats naturels.
Lorsque ces ouvrages sont mal construits ou entretenus, ils peuvent également entraîner une dégradation de certains écosystèmes, principalement par l’absence de drainage (accumulation d’eau avec un « effet barrage ») ou par l’érosion (accroissement des ruissellements, en débit et sédiments).
Les barrages
De nombreuses installations hydro-électriques voient le jour afin de résorber le déficit énergétique nécessaire au développement. Ces installations, telles que des barrages-réservoirs ou barrages hydro-électriques entraînent la destruction de milliers hectares de forêt.
En inondant d’importantes étendues de forêt tropicale, ces barrages réduisent les habitats de la faune sauvage locale et envoient du carbone dans l’atmosphère (au fur et à mesure que pourrit le bois submergé), augmentant les gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques.
Les centrales hydro-électriques ont également un impact négatif bien connu sur les populations de poissons. Elles détruisent les habitats aquatiques et constituent des obstacles qui isolent les populations les unes des autres et empêchent le déplacement des espèces migratrices. Leur construction aboutit souvent à une diminution du nombre d’individus et à une perte de diversité et impacte les communautés locales vivant de la pêche, que ce soit pour leur alimentation ou comme source de revenus.
Les zones urbaines
En lien avec la croissance démographique, l’expansion des villes produit un impact direct sur les forêts avec la déforestation péri-urbaine pour l’expansion de la zone urbaine. Elle a aussi un impact indirect avec l’augmentation des besoins en bois de feu et en produits agricoles pour alimenter la population urbaine.
Quelques grandes infrastructures dans les forêts guinéennes
Des chemins de fer pour accéder aux gisements minéraliers au détriment des forêts guinéennes Les gisements de fer du Simandou sud et du mont Nimba ont la particularité d’être situés dans des zones enclavées loin des côtes rendant difficile l’exploitation et la logistique de transport des minerais.
Ces réserves de fer se trouvent à la frontière entre la Guinée, le Libéria et la Côte d’Ivoire.
Des mégaprojets ferroviaires devraient voir le jour dans les prochaines années avec des options d’évacuation des minerais vers les côtes guinéennes, libériennes, voire ivoiriennes.
Ils seront destinés non seulement à l’évacuation du minerai de fer, mais également à celle d’autres ressources minérales, agricoles et forestières collectées le long des voies allant des gisements jusqu’aux ports.
Les impacts directs et indirects sur la zone forestière devraient ainsi malheureusement être sans précédent sans une réelle prise en compte de dimensions sociales et environnementales dans ces grands projets d’infrastructures.
Concilier énergie nécessaire au développement et durabilité environnementale et sociale Le Liberia entame le projet hydro-électrique des chutes de Gbedin à travers la construction d’un mini-barrage sur la rivière Saint John et de la mini centrale hydro-électrique de Gbedin Fall dans le comté de Nimba au nord-est du Liberia.
Les zones clés de la biodiversité et les zones protégées à proximité sont :
- la forêt classée de Diécké en Guinée, également une zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO).
- la Forêt Communautaire de Gba au Libéria
- la réserve naturelle de Nimba Est au Libéria
- la réserve naturelle stricte du Mont Nimba en Guinée et Côte d’Ivoire, site du patrimoine mondial de l’UNESCO
- la forêt classée de Banie en Guinée
- la zone humide RAMSAR de Gbedin au sud des chutes de Gbedin
Le barrage devrait avoir une capacité d’environ 9 MW, qui serviront de source d’énergie dans la région et augmenteront la capacité électrique nationale.
L’impact direct sur l’environnement devrait se situer sur une superficie de 22 hectares, ainsi qu’une conduite forcée d’une centaine de mètres des chutes à la centrale hydro-électrique équipée de turbines.
L’électricité produite par la centrale atteindra plusieurs milliers de foyers et permettra d’étendre le réseau électrique aux localités isolées et aux zones éloignées, encourageant ainsi la connexion d’un plus grand nombre de foyers, d’écoles, de centres de santé, de commerces et d’industries au réseau national.
Les impacts indirects seront certainement d’envergure. Il est donc nécessaire d’associer à ces infrastructures énergétiques des plans efficaces et opérationnels de gestion et de suivi environnementaux et sociaux.
Un réseau de grandes routes qui se densifie de plus en plus dans les forêts guinéennes En un peu plus d’un demi-siècle, le réseau de grandes routes s’est extrêmement développé comme le montrent les illustrations ci-dessous de 1960 à 2014.
La zone forestière d’Afrique de l’Ouest est particulièrement concernée, avec tous les impacts directs et indirects associés pour la biodiversité des forêts guinéennes.
Cette « toile » de grandes routes contribue à la perte, à la dégradation et la fragmentation des forêts guinéennes. La mise en place effective de paysages prioritaires de conservation (PPC) prend ici tout son sens. Ces PPC sont composés d’aires protégées reliées et connectées entre elles par des corridors écologiques, afin de préserver de vastes zones forestières relativement intactes et représentatives ainsi que des espèces animales emblématiques.