Les oiseaux

Il existe près de mille espèces d’oiseaux en zone forestière ou péri-forestière d’Afrique de l’Ouest, soit près de la moitié de toutes les espèces en Afrique sub-saharienne. Les forêts guinéennes représentent donc un réservoir important de diversité aviaire. Ce nombre élevé d’espèces comprend essentiellement des espèces nicheuses mais aussi certaines espèces migratrices se réfugiant en Afrique de l’ouest pendant quelques mois chaque année, fuyant soit l’hiver en Europe, soit la saison sèche dans d’autres régions africaines.

En plus de cette richesse, ces forêts renferment également des espèces uniques. En effet, sans compter la vingtaine d’espèces de montagne strictement inféodées à l’île de Bioko et à la zone frontalière entre le Cameroun et le Nigeria, on compte 38 espèces d’oiseaux endémiques aux forêts guinéennes.

Les 38 espèces endémiques aux forêts guinéennes de basse et moyenne altitude.

Parmi ces espèces, certaines sont emblématiques et ont une valeur culturelle ou touristique, comme le Picatharte de Guinée (Picathartes gymnocephalus). Voir sa fiche d’identité.

Parmi les autres espèces emblématiques des forêts guinéenne, on trouve le Perroquet gris du Timneh (Psittacus timneh), cousin du perroquet gris du Gabon mais plus rare ; il se trouve sur la liste des espèces en danger d’extinction de l’IUCN. Il n’existe que dans les forêts, de la Guinée à la Côte d’Ivoire.

Les Calaos (famille des Bucerotidae) forment un groupe de grands oiseaux ayant un rôle important dans les forêts guinéennes, car en mangeant de nombreux fruits, ils sont de grands disperseurs de graines d’arbres. Il existe 10 espèces de calaos en forêt d’Afrique de l’ouest dont deux sont endémiques, le Calao à joues brunes (Bycanistes cylindricus) et le Calao à casque jaune (Ceratogymna elata).

Avec pas moins de 18 espèces, la diversité des coucous est exceptionnelle en Afrique de l’ouest. Beaucoup d’espèces sont très discrètes et ne trahissent leur présence que par leur chant, souvent très typique. Tel est le cas du coucou olivâtre (Cercococcyx olivinus) qui vit exclusivement dans la canopée des forêts primaires.

Avec plus de 20 espèces, un des groupes les plus typiques des forêts d’Afrique centrale et de l’ouest sont les bulbuls (famille des Pycnonotidés). La vaste majorité sont exclusivement forestiers et pas moins de cinq espèces sont strictement endémiques aux forêts guinéennes.

Les forêts d’Afrique de l’ouest sont aussi un refuge pour un grand nombre de petits oiseaux essentiellement insectivores dont les Apalis, les Camaroptères, les Erémomèles etc. regroupés dans la vaste famille des Cisticolidés.

L’Apalis de Sharpe (Apalis sharpii) est un petit oiseau insectivore typique des forêts denses humides d’Afrique de l’Ouest, du Bénin à la Guinée. On ne le voit pas souvent car il affectionne la hauteur des arbres mais son chant typique trahit souvent sa présence.

Apalis de Sharpe (Mâle et femelle), Nimba. © M. Languy

Avec une quarantaine d’espèces, dont quatre endémiques, le groupe des gobe-mouches et alliés (Tchitrec et Pririts) est bien représenté.

Le Pririt de Guinée (Dyaphorophyia hormophora) est un tout petit oiseau noir et blanc d’à peine 10cm, proche des gobe-mouches. Il est endémique aux forêts de Haute-Guinée, que l’on trouve tant à l’intérieur qu’en bordure des forêts. On reconnaît le mâle à ses caroncules grisâtres autour des yeux, tandis que la femelle arbore une poitrine brun noisette.

Les Plocéidés regroupent les tisserins, malimbes et euplèctes. Ces espèces sont essentiellement granivores et frugivores.

Parmi ce groupe, le Malimbe de Ballmann, aussi connu sous le nom de Malimbe de Gola (Malimbus ballmanni) est un tisserin de forêt avec une distribution très restreinte. On ne le trouve pratiquement qu’au Liberia, avec quelques débordements de sa distribution dans l’extrême est de la Sierra Leone, le sud de la Guinée et l’ouest de la Côte d’Ivoire. Mais même dans cette aire de distribution restreinte, on ne le trouve que dans quelques forêts bien conservées, comme dans les Parcs Nationaux de Gola, Sapo, Grebo-Krahn ou Taï. Avec moins de 10,000 individus au monde, l’espèce est classée comme « quasi menacée » par l’UICN. Etant donné que cette espèce se trouve dans les paysages de Gola, de Wologizi-Wonegizi-Ziama, de Nimba et de Tai-Grebo-Krahn-Sapo, le programme PAPFor est important pour éviter la disparition de cette espèce.

Le Malimbe de Gola a un plumage unique, car c’est le seul malimbe avec un plumage noir et jaune. Il vit en petits groupes et reste très souvent dans la canopée des grandes forêts primaires, plus rarement dans les vieilles forêts secondaires, ce qui le rend difficile à observer.